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Les radars ont flingué 30 000 emplois en 2008 !

Les radars ont flingué 30 000 emplois en 2008 !
Crise ou pas crise, le gouvernement ne veut pas assouplir les règles pour ceux qui vivent de leur permis de conduire, commerciaux et autres VRP. Pourtant, en 2008, ils sont peut-être 30 000 à avoir goûté au chômage après avoir perdu tous leurs points… 

Dimanche soir, rien ne sert d’allumer votre téléviseur : dans les JT, c’est couru d’avance, on vous parlera de ce « week-end de Pâques » qui a été plus ou moins « meurtrier » que celui de l’an dernier. C’est presque un réflexe pavlovien chez les journalistes que d’expliquer que la « route a tué » (tout comme il est « naturel » de dire, à chaque nouvelle avalanche, que « la montagne a encore tué »)… S’il n’est pas recommandé de regarder la télévision ce dimanche, c’est aussi parce qu’on ne vous parlera pas de ceux qui, lors de ce même week-end, ont vu leur permis de conduire invalidé et finiront par perdre leur emploi. C’est qu’à la télévision, on a besoin de chiffres pour faire de jolies incrustations sur fond de tôles froissées. Et de statistiques officielles, sur le sujet, malheureusement, il n’en existe pas… Tout juste vient-on d'apprendre qu’en 2008, près de 98 000 personnes ont perdu l’ensemble de leurs points (elles étaient 88 700 en 2007 et 68 900 en 2006). Dommage car en période de crise, en période de « destruction d’emplois », ces chiffres auraient été très précieux… 

« Le ministère de l’Intérieur se garde bien d’avoir ce genre de données », explique Maître Iosca, Avocat expérimenté de la défense des automobilistes qui ont été délestés de leur papier rose. « Beaucoup de chiffres circulent, poursuit-il, mais aucun n’est avéré. La légende voudrait que 40% des personnes qui perdent leur permis soient licenciées. » Un chiffre à prendre avec d’infinies précautions. Dans son cabinet, Jean-Baptiste Iosca, lui, évalue à près d’un tiers le nombre de ses clients qui ont perdu leur emploi suite à l’invalidation de leur permis. Rapporté aux 98 000 personnes qui ont épuisé leurs points, cela voudrait peut-être dire qu'environ 30 000 personnes, l’an dernier, pourraient s’être retrouvé au chômage. Quoi que certains petits (pas très) malins n’ont sans doute pas prévenu leur employeur et continuent à rouler sans papiers... 

Il y a ceux qui peuvent se payer un avocat et les autres...
Mais Maître Iosca a une solution pour les gens qui se retrouvent sans autorisation de conduire : au terme d’un an de procédure, il explique pouvoir récupérer, à coup sûr, leur permis de conduire et, au terme d’une seconde année de procédure, il dit être capable d’obtenir des dommages et intérêts en compensation de la perte d’emploi. Pure vantardise ? « En tout cas, réplique-t-il, 100% de mes clients ont tenté leur chance » ! Comme au Loto, en somme. Mais comme au Loto, pour pouvoir gagner, il faut pouvoir jouer. Et ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat, que peuvent-ils faire ? Eux n’ont plus qu’à attendre les six mois réglementaires et tenter alors de décrocher un permis probatoire doté de six malheureux points. Entre temps, ils sont nombreux à devoir aller pointer au Pôle emploi. En période de crise, ne faudrait-il pas alors envisager d’assouplir les règles ?

Question hautement populiste diront certains. Question fort légitime leur répondront deux parlementaires (le sénateur MoDem, Nicolas About, et le député UMP, Bernard Reyès) qui ont déposé une proposition de loi visant à supprimer les retraits de points en cas d'excès de vitesse de moins de 5 km/h. Peine perdue : le texte vient d’être retoqué par la Commission des lois du Sénat. 
De toute façon, Michèle Alliot-Marie n’était « pas très favorable » à cette mesure. Contacté, son porte-parole, Gérard Gachet, nous explique ses réticences : « Entre la vitesse enregistrée par les radars et la vitesse réelle, il existe déjà une marge technique qui est retirée. D’autre part, aujourd’hui, lorsque l’on perd un point pour un petit excès de vitesse, on le récupère au bout d’un an. Avant, il fallait attendre trois ans. Enfin, si on assouplit les règles, c’est prouvé statistiquement, les gens vont rouler plus vite. » Mais la ministre a-t-elle à l’esprit, ces 30 000 personnes qui ont peut-être perdu leur boulot ? Crise ou pas crise, Gérard Gachet explique qu’il n’y aura « pas de consignes d’assouplissement » et que « les gens qui roulent plus sont évidemment plus exposés, mais doivent aussi être plus responsables… ».