Après les gifles du 1er janvier, la caresse pré-électorale. Il y a quelques jours, le gouvernement a dévoilé le nouveau panneau destiné à annoncer la présence d'un radar automatique sur nos routes. Censé être moins mesquin, il remplacera progressivement le modèle que nous connaissons depuis 2003, année du lancement de ces machines qui sont avant tout là pour assurer notre sécurité,
et rapportent - mais c'est accessoire - entre 600 et 700 millions d'€ par an à l'Etat, avec un record de 789 millions d'€ de recettes en 2015.
Comme on pouvait s'y attendre,
le génie technocrate a encore frappé. Car ces visuels nouvelle génération ressemblent en vérité comme deux coups de flash à leurs aïeuls. Les différences ? Il y en a deux principales. Le pictogramme représentant un camion disparaît. C'est certainement un progrès mais on ne sait pas trop pourquoi. Enfin, la mention "Pour votre sécurité, contrôle automatique" n'apparaît plus. Elle n'est pas remplacée par la phrase "Pour nos finances, dites cheese", il ne faut pas rêver.
Et quoi d'autre ? Rien. Ah si. La limitation de vitesse en vigueur sur la portion concernée fera désormais l'objet d'un rappel. Pas une révolution non plus,
puisque certains panneaux récents intégraient déjà cette subtilité, et que dans l'immense majorité des cas,
une signalétique de vitesse limitée était de toute façon implantée juste après le panneau révélant la présence à venir d'un gentil radar.
Du coup, on se demande bien à quoi sert la manœuvre.
Car cette annonce ridicule s'est pourtant faite en grande pompe - à fric ? - lors d'une conférence de presse dédiée, où la presse généraliste et spécialisée était conviée. Un email aurait suffit à contenter les rédactions, mais il fallait à tout prix faire savoir
que nos énarques s'étaient mobilisés pour accoucher de ce visuel révolutionnaire qui, selon ses concepteurs, "permet de répondre à la demande des usagers". Rires.
Soyons sérieux. Le 1er janvier dernier a vu l'entrée en vigueur simultanée de deux mesures scandaleuses :
l'interdiction du surteintage des vitres, et
l'obligation de dénoncer ses salariés, sur lesquels je me suis déjà exprimé. A cette occasion le gouvernement n'a organisé aucun grand raout autosatisfait, mais les médias ont pallié cet oubli.
Or à l'approche des élections, il fallait bien donner le change. Voici donc de quoi, en théorie, apaiser votre courroux, en vous servant un pseudo-cadeau qui ne modifie en rien la mission première des radars : renflouer les caisses d'un Etat aux abois. Faites-moi plaisir : ne tombez pas dans le panneau.