Non, contrairement à ce qui disait Sacha Guitry (avec humour), les avocats ne portent pas la robe pour « savoir mentir comme les femmes ». Mais alors, pourquoi les avocats portent-ils la robe ?
Aujourd’hui, le port de la robe par l’avocat est une obligation qui trouve sa source dans la loi du 31 décembre 1971. Celle-ci dispose que les avocats « revêtent dans l'exercice de leurs fonctions judiciaires le costume de leur profession ». Une obligation récente, certes, mais qui correspond à une ancienne tradition.
On peut faire remonter l’origine de la robe d’avocat au XIII° siècle. Les plaideurs étaient alors des membres du clergé, qui exerçaient leur fonction d’avocat vêtus de leur soutane. On y trouvait alors 33 boutons, symbolisant l’âge du Christ à sa mort. Ce passé teinté de religion a disparu du vêtement de l’avocat. La robe d’avocat permet aujourd’hui d’assurer une égalité d’apparence entre les avocats.
L’usage de la robe d’avocat est lui-même réglementé : l’avocat ne la porte que pour plaider. Il est interdit aux avocats de porter leur robe en dehors du 4, ni pour recevoir un client, ni pour rentrer chez eux après une longue journée de plaidoirie. Deux exceptions existent toutefois, par tradition : l’avocat peut porter sa robe pour la prestation de serment d’un jeune avocat, ou pour l’enterrement d’un confrère avocat, mais également lors d’une manifestation.
Il existe une particularité concernant les avocats parisiens. En effet, les avocats du barreau de Paris portent une épitoge (petite bande de tissu par-dessus la toge) dite « veuve » c’est-à-dire sans hermine. Les origines de cette tradition sont débattues, mais la légende raconte que les avocats parisiens ont coupé l’hermine de leur épitoge en mémoire du deuil de Malesherbes, l’avocat qui fut guillotiné pour avoir défendu son client : Louis XVI.
La robe d’avocat est donc un objet chargé d’histoire et de symbole, essentiel à la profession d’avocat. L’imaginaire collectif lui-même autour de l’avocat l’associe à cette robe noire et ce rabat blanc, qui flotte au gré des gestes accompagnant sa plaidoirie.
Les avocats ne sont pas les seuls à porter une toge : les magistrats et les universitaires en portent aussi. Et l’avocat lui-même portait auparavant une toque sur la tête. S’il n’en porte plus, le mot « toque » désigne toujours le « casier » de l’avocat, où il peut recevoir du courrier.
Enfin, la tradition de la robe d’avocat, si elle a été longue, n’a pas été ininterrompue. Après la Révolution, l’ordre des avocats et le port de la robe d’avocat ont été supprimés. Ce n’est qu’en 1810 que Napoléon, en rétablissant l’ordre des avocats, a permis aux avocats de porter leur robe à nouveau.
La robe est généralement fabriquée sur-mesure, et les avocats les plus coquets ou superstitieux peuvent la personnaliser, en brodant des tissus, motifs, poches ou autres à l’intérieur de la doublure. Un outil de l’avocat qui assure que tous les avocats se ressemblent, mais à l’intérieur de la robe, chaque avocat est libre d’en faire la sienne, unique !
Et savez-vous combien de robes l’avocat porte-t-il dans l’exercice de sa profession d’avocat ?
Selon l’avocat Me Gabet, trois. L’avocat prête serment dans la première, gagne sa vie dans la deuxième, et meurt dans la troisième…